2 roues et un moteur, ou comment ne garder que l'essentiel...

Les motos de courses des années 20 : aux Etats Unis c'est sur les motodromes, pistes ovale en bois que les pilotes s'affontent sur leur boardtrack racer ..

En Europe c'est à Brookland ou Montlhery que les records tombent..

 

Je revais d'un racer des années 1920, motorisé avec un bicylindre en V comme les fabuleuses Harley Davidson de course ou les Indians. Le dépouillement de ces machines, les vitesses atteintes, la passion insouciantes des pilotes, l'ingéniosité des mécaniciens m'ont toujours attiré.

A force d'en rêver, et de réaliser que puisqu'il métait impossible dans acheter un , je ne voulais pas rester à baver devant les photos des bouquins de Joseph Bayley ou Peter Hartley il allait falloir que je me bouge !

Petit à petit à commencer à germer l'idée dans fabriquer une, une moto qui s'inspirerait des racers des années 1920.

Je me suis lancé, j'ai appris à me servir de SolidWorks et je me suis bien amusé à dessiner .. j'ai meme fais un dessin à la cao , plus pour jouer que pour concevoir, mais , l'idée continuait de grandir.

Voyant que je n'avais pas les compétences ni les moyens techniques de réaliser tout ça, j'ai alors eu l'idée dans faire un projet pédagogique et de le soumettre au lycée technique de ma région.

J'ai rencontré des chefs de travaux, des proviseurs des profs. Individuellement tous étaient séduit, mais la mise en pratique c'est trés vite heurtée aux problémes de correspondance avec les programmes scolaires. Quelques réunions ont finis par mettre en évidence que la complexité administrative dépasserait peut etre la difficulté technique !

Entre temps, pour mes 50 ans, je me suis fais offrir un stage à l'école de la performance à Nogaro pour étudier les partie cycle parce que j'y connaissais pas grand chose, et comprendre avant de faire n'est jamais totalement inutile ! A ce propos , j'adorerais me faire le stage culasse, on verra pour mes 60 ans !

Et puis en 2012 dans une bourse, j'ai vu ce moteur, un 250 MAG semi culbuté de 1923, parce qu'il était de la bonne période et à un prix acceptable je l'ai acheté , mais sans vraiment savoir si cela pouvait correspondre à mon projet de racer.

Presqu'un an plus tard il a fallut encore un coup de chance, la publication sur un forum, et un gars qui me sort cette photo !

Une Zenith équipée d'un moteur semblable, légérement préparé à gagné le 100 Miles Brookland junior century le 5 Mai 1923 , à son guidon René Daquin réalisa une moyenne de 61.19 mph ( 98.4 km/h).

Du coup ça ma remotivé, et j'ai commencé à visualiser le truc..

Entre temps j'avais aussi achetée une boite de vitesse Bridier-Charon BC3 (plutôt destinée à des 125 et 175 ) toujours avec le projet en tête

Puis avec le moteur comme référence et l'image j'ai défini les proportions

 

J'ai alors constitué le bureau détude ! Un pentographe dans un vide grenier, une planche de mélaminé et quelques morceaux de profilés alu, j'ai ressortit mes Rotring et fait un premier dessin.

Le projet est resté un an ou deux dans cet état. Ne sachant pas souder , je ne me voyais pas fabriquer la fourche, et celle que je voyais en vente dépassait ce que je considérais comme raisonnable.
Inconsciament en fait j'osais pas me lancer. La meilleur façon d'échouer c'est de ne pas tenter ...

Et hop un coup de chance de plus, une petite bourse de moto ancienne dans le coin et un gars qui vends des pieces de mob et celle foruche : Bien sûr c'est une fourche de type webbs (ressort central), origine Money Goyon je pense et non Druid (2 ressorts ) comme la Zenith de R Dequin. Mais , les fourches Webbs existait en 1923 alors ce n'est pas trop choquant.

J'ai donc la fourche, le moteur et la boite , là je peux me lancer , enfin !

Retour à la planche,

Une autre version du plan,

puis enfin la bonne ! (hormis la fourche que j'ai la fenéantise de redessiner)

je peux alors faire le plan du cadre à l'échelle 1:

Je choisis du tubes, E235N , en diametre 40 ep 4 pour la colonne, 30 ep 3 pour les 3 tubes principaux, 30 ep 2.5 pour le tube du dessus du réservoir et 20 ep 2.5 pour la fourche arrirere, 22 pour le guidon.
Je me suis inspiré du cadre de 350 Terrot et de ce que je trouvais.
Bon la j'avoue, que quelques connaissance en resistance et calcul des matériaux , m'aurait surement permis de faire moins lourd. Avec un 250 cc de 6 cv à 4000 tr/mn, à priori ça devrait pas fléchir !

Ceci dit, je serais bien incapable de savoir évaluer les contraintes pour calculer tout ça .Un beau matin j'ai donc reçu un kit de cadre !

Que j'ai confié le kit avec mon plan à une boite du coin, car cintrer du tube de 30 et surtout souder le cadre j'en suis bien incapable.

Bon j'ai bien demandé à être sponsorisé moyennant un peu de pub, et la chance exeptionnelle qu'ils avaient d'avoir été retenu pour participer à un tel projet mais non il a fallut passer par la case facture !

Au bout de quelques jours j'avais donc le cadre (soudure tig ou mig ...)

A moi de jouer.

J'ai usiné les pieces pour le montage des roulements à rouleaux coniques pour la colonne :

Usiné le support de la boîte de vitesse , (diam 30 , limite pour mon petit combiné tour fraiseuse Chinois !

Fais quelques contrôles,

Puis j'ai coupé, pointer et mesurer encore

Jusqu'a pouvoir porter à un copain qui fait des pizzas ... et de la soudure !

Cintré le tube d'échappement d'origne Terrot, avec les moyens du bord : (rempli de sable, puis chalumeau)

 

J'ai appris a faire un cône au tour, (surtout a bien regler le tour , avec deux comparateurs pour avoir la bonne inclinaison du chariot ) et réalisé une frette pour adapter un pignon de sortie de boite.

Puis fabriqué une plieuse rudimentaire pour faire le réservoir d'huile ..

Puis celui d'essence : (tôle 0.8 , et 1mm pour le fond)

Bon je reconnais, la résine à l'interieure sera pour beaucoup dans l'étanchéité !

 

Dont j'ai usiné le bouchon en cuivre :

J'ai aussi usiné la molette du frein de direction :

et fais des trous car l'ennemi c'est le poid !

Les roues sont des roues avant de trail en 21'' (provenance 50 derbi et 125 yam ) , ce qui correspond quasiment aux roue de 26'' de l'époque ( puisque, comme les vélo , à cette époque 26'' correspond au diam ext du pneu).

Pour la roue avant, je dérayonne et fais sauter les bossage de fixation du disque au tour !

Pour l'arrire je farbique un support pour une couronne, non sans avoir calculé que , normalement 4 vis de 6 , + un tirant entrant dans les encoches du moyeu devait suffire à faire passer le couple.

La lubrification de ce moteur est assuré par une pompe « coup de poing », le pilote enfonce un piston, qu’un ressort fait remonter doucement, provoquant le goutte-à-goutte d’huile vitale au moteur.
Ces pompes sont introuvables, il existe des re fabrications en Inde, mais j’ignore leur qualité …
Votre mission, si vous l’acceptez consiste à fabriquer une pompe à huile !

Apres les usinages et la récupération d'une molette sur une pompe Mikro, il a ensuite fallut couper un tube à essai en verre ,

Faire le ressort, (corde à piano et tour ... arreté !)

Petit recuit,

Puis assembler le tout

Avant d'avoir le plaisir de constater que ça marchait !

Mais voir qu'il aura fallut quelques tentative avant d'y arriver , puisque j'ai raté tout ça :

J'ai ensuite bu du champagne pour avoir les bouchons pour refaire l'embrayage :

mais finalement, de peur que ça patine, car cet embrayage n'est pas fait pour un 250, j'ai fais garnir les 2 faces, gagnant 30% de surface de friction.

J'ai bénéficié d'un vrai miracle en trouvant un pigon de boite manquant !

Coté allumage se sera batterie bobine. La batterie est logée dans un petit compartiment que j'ai fais dans le réservoir d'huile, et je fait une petite platine pour supporter les rupteurs. Le plateau peut pivoter ce qui assure une avance variable (commande au guidon).

Pour le moment, l'ouverture des rupteurs est assuré par un simple exentrique fait au tour ( j'ai aussi appris a faire ça , c'est simple comme tout, juste mettre une petite calle entre un des mors et la piece et hop, on a un exentrique !)
C'est sûr que coté angle de Dwell c'est pas idéal, mais ça doit suffire pour les premiers essais, plus tard je trouverais une came de 125 Honda par exemple.

Le coupe circuit au guidon et son bitogno en merisier (merci Adele)

Coté moteur juste un bon nettoyage, le rodage des soupapes (mais les siéges sont un peu piqués et bien enfoncés) et le remplacement des segments.

Les soupapes sont opposées , (l'admission est culbutée , l'echappement latéral)

Le carbu est un AMAC 4/022, dont le boisseau avait du jeu , que j'ai donc usiné et manchonné :

Puis j'ai acheté 1/2 vache ! Oui un demi croupon en cuir tané végétal, epaisseur 4 mm pour faire le dessus selle.
Quelques tuto, quelques conseils et hop : Découpe d'un patron, puis du cuir, trempage dans l'eau tiede et mise en forme sur un gabarit.

Laisser sécher 1 semaine, le cuir redevient rigide et garde la forme !

Puis enfin j'ai pu assembler le tout :

Et enfin, 6 ans apres le début du projet dont 18 mois de constructions, le 5 mai exactement 95 ans apres la victoire de René Dequin à Brooklands sur une Zenith 250 MAG..

Vous n'imaginez pas le plaisir quand elle a craquée pour la premiere fois, quelques secondes :

 

X ZENITH : Run 2 !

Ensuite j'ai tout démonté pour peindre !

Heureusement la mouche s'est posée quand c'était sec !

et mis les bon pneus ( Firestone 2.75 x 21 , ceux pour les Harley Chopper !)

Et puis un beau jour, lors d'un essai de mise au point, j'ai faillis tout perdre...

Un carbu qui dégeule un peu, un pot bouillant juste en dessous, ça prend feu trés trés vite l'essence ...

L'acces toujours dégagé de l'extincteur (pourtant vieux de 10 ans..) et d'une couverture ont sauvés 6 ans de boulot et probablement plus car le reservoir était presque plein ...

Tres tres grosse frayeur, mais peu de dégat, les gaines ont a peines fondues, aucune déformation mécanique.

Mais bien sûr, apres quelques semaines de soin pour mes mains... qui bien sûr avaient des gants..plein d'essence, redémontage d'absolument tout
J'ai trouvé de la poudre jusque dans les soupapes, ça s'infiltre partout. Allo tonton , pourquoi tu tousses !

J'ai modifié le filtre à air , et fait un petit déflecteur pour éviter qu'en cas de débordement, ça tombe sur le pot.

J'ai surtout vachement fait gaffe à mon niveau de cuve !

La mise au point à été un peu délicate, en particulier tringlerie de boite pour que les vitesses verrouillent bien , et quelques déboires habituels , qui font un peu faire de sport :

Mais quel pied !

Reste encore du boulot, mon objectifs est d'atteindre 90 km/h en pointe ! Les tous premieres essais , j'étais aux alentours de 60km, j'ai changé de courone, refait un pigon car je tirais trop court,

Pourquoi 90 km , alors que Dequin à gagné en 1923 avec 98 km/h de moyenne ? parce que je me dis qu'il ne devais pas faire 1m85 et 85 kg et que ça ça vaut bien 10 km/h !

Au dernier essais , j'étais à 70 km/h , à un regime d'environ 2800 tr/mn . là ma petite route d'essai est vraiment trop courte, pas le temps de me lancer car ça tire long, et il y a un gros trou entre 2 et 3 .

(ne regardez pas la moyenne elle dépend du temps que j emets à prendre la photo apres l'arret !)

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Je ne sais pas si je réussirais à gagner 20 km/h , mais je sais que j'ai pris un vrai plaisir à faire ce projet. J'ai appris plein de choses rencontré des tas de gens et constaté que 2 roues et un moteurs c'est pas si simple à faire !

Tous vos conseils et critiques sont les bienvennues, sauf si c'est pour me dire que la moto de René Dequin n'avait pas de frein à tambour à l'arriere !

Alors, le je rêve d'un nouveau défi, un bicylindre en V à 45° à base de 2 monos MAG.

‘Ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas commencé par le rêve’ (Nicholas Shakespeare) , alors finalement je dois être sur la bonne voie !

 

 

 

 

 

 

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